Désinformation sur l’alimentation : où en est-on ?

Souvent diffusées par des acteurs peu scrupuleux, les fausses informations concernant l’alimentation sont légion… Un problème majeur qui suscite une prise de conscience de la part des pouvoirs publics.

Par Laurent Feneau, publié le 14 juillet 2025

Désinformation sur l’alimentation : où en est-on ?

La diffusion d’allégations remettant en cause les connaissances basées sur les recherches scientifiques peut avoir des conséquences en matière de prévention et de prise en charge des maladies au niveau individuel et collectif. De ce point de vue, la nutrition est un terrain particulièrement propice pour la désinformation, en raison des dimensions affectives, émotionnelles, culturelles et sociales qu’elle comporte, lesquelles sont autant de portes d’entrée pour faciliter la pénétration des fausses informations. Le secteur de l’alimentation est par ailleurs au cœur de gigantesques enjeux économiques. L’organisation Federalimentare (représentant les industriels agroalimentaires italiens) a par exemple affirmé que « le Nutri-Score ne repose pas sur des bases scientifiques ». Et ce, alors même que plus de 150 articles scientifiques publiés dans des revues internationales à comité de lecture ont démontré son intérêt et son efficacité. Cette structure a même suggéré que « la consommation de produits à base de cacao provenant de pays du Sud diminuerait à cause de leur classification par le Nutri-Score, ce qui augmenterait l’immigration en Europe »… Il ne s’agit là que de deux exemples parmi les nombreuses fausses informations diffusées par les lobbyistes.

Une question de santé publique

Mais la désinformation dans le domaine de la nutrition – et ses conséquences sur la santé des consommateurs – n’est pas un phénomène nouveau. Elle trouve cependant aujourd’hui une résonance particulière, en raison du développement des réseaux sociaux et des plateformes digitales qui facilitent une large diffusion des fake news. Des chercheurs ont publié les résultats d’une récente méta-analyse portant sur 64 études ayant eu pour objet d’évaluer la qualité et la précision des informations nutritionnelles disponibles pour le public (principalement sur des sites Internet). Soulignant les risques de biais de sélection lors de la mise en place de tels travaux d’évaluation, les auteurs de la méta-analyse estiment cependant qu’on peut considérer, d’après leurs résultats, que les informations nutritionnelles en ligne sont souvent inexactes et de mauvaise qualité. Selon eux, les consommateurs qui les utilisent risquent d’être mal informés. Le ministre de la santé Yannick Neuder a annoncé il y a quelques semaines sa volonté de faire de la lutte contre la désinformation médicale une priorité de son ministère. On ne peut donc que se féliciter de cette décision qui vise à rétablir la rationalité scientifique face à la prolifération de fausses informations qui circulent aujourd’hui.

Références : Serge Hercberg, Chantal Julia, Emmanuelle Kesse-Guyot, Mathilde Touvier

Lire l’article dans son intégralité ici.

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