Faut-il repenser la nutrition en réanimation ?
Une étude récente tend à montrer qu’enrichir la nutrition entérale en protéines en réanimation n'améliorerait pas le pronostic des patients…
L’essai TARGET Protein multicentrique, randomisé en cross-over et en ouvert, mené dans huit unités de soins intensifs (USI) en Australie et en Nouvelle-Zélande, tente en effet de nous éclairer sur la question. Les patients inclus recevaient une nutrition entérale au cours de leur hospitalisation initiale en USI. Chaque service utilisait de manière séquentielle, par périodes de trois mois sur une période de 12 mois, deux formules entérales isocaloriques mais de composition protéique différente : l’une enrichie à 100 g/L, l’autre standard à 63 g/L. Le critère d’évaluation principal était le nombre de jours cumulés sans hospitalisation et en vie à 90 jours, une mesure composite prenant en compte à la fois la survie et la morbidité hospitalière, jugée plus pertinente que la mortalité seule dans ce contexte.
Plus de protéines ne rime pas forcément avec mieux…
Aucun avantage de la supplémentation protéique n’a été mis en évidence. En effet, le nombre médian de jours libres d’hospitalisation et en vie à 90 jours étaient de 62 jours dans le groupe enrichi et de 64 dans le groupe standard, avec une différence ajustée de –1,97 jours, statistiquement non significative. Les analyses secondaires confirment cette neutralité : les taux de survie à 90 jours étaient similaires, avoisinant 73 %, sans différence notable sur la durée de ventilation invasive, de séjour en USI ou d’hospitalisation, ni sur les taux de trachéotomie ou de recours à une suppléance rénale. La répartition des destinations de sortie, qu’il s’agisse du retour à domicile, du transfert en centre de rééducation ou du décès, ne divergeait pas non plus de manière significative.
En définitive, l’essai TARGET Protein montre que l’augmentation des apports protéiques entéraux en réanimation, n’améliore pas la survie sans hospitalisation à 90 jours, n’apporte aucun bénéfice clinique tangible, et pourrait même présenter des risques dans certaines sous-populations, notamment celles souffrant d’insuffisance rénale aiguë.
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