3 questions à Philippe Reiser, directeur général de Cultures Sucre

Suite à l’article « Les autres façons de sucrer » paru dans le Nutrition Infos n°79, nous avons souhaité aller plus loin dans notre réflexion et accorder la parole à Philippe Reiser, Directeur général de Cultures Sucre, qui rappelle les recommandations officielles et revient sur la notion d’addiction.

Par Laurent Feneau, publié le 08 février 2024

3 questions à Philippe Reiser, directeur général de Cultures Sucre

• Quelle est la consommation de sucre en France ? Se rapproche-t-elle des recommandations officielles ?

En France, deux recommandations d’apports en sucres coexistent, celle de l’OMS et celle de l’ANSES. La recommandation de l’OMS porte sur les sucres libres (sucres ajoutés et sucres présents dans les jus de fruits), avec une limite fixée à 10% de nos apports caloriques (environ 50 g/j pour 2000 kcal/j). Pour l’Anses, il s’agit d’un seuil quantitatif d’apports en sucres totaux hors lactose (sucres ajoutés et sucres apportés par les fruits et les légumes), fixé à 100 g/j pour les adultes et réduit pour les enfants selon leurs apports caloriques de référence. Selon les enquêtes nationales de consommation alimentaire, les apports en sucres libres sont de 10,5 % des apports caloriques (57 g/j pour 2157 kcal/j) chez les adultes et 15 % des apports caloriques (67 g/j pour 1761 kcal/j) chez les enfants (CREDOC, Enquête CCAF 2019). Il en est de même avec la limite fixée par l’ANSES, les adultes respectent en moyenne ces recommandations mais les enfants ont majoritairement des apports supérieurs. 

• Le sucre est souvent décrié pour l’addiction qu’il entraînerait, cette addiction est-elle prouvée ?

A l’évidence, la question de l’addiction au sucre est un sujet qui plaît aux médias. L’addiction correspond à une perte de contrôle durable, avec des effets sur la santé et la vie sociale. Chez l’animal, l’addiction aux solutions sucrées ou aux aliments gras peut être déclenchée expérimentalement en rendant l’accès intermittent, alors qu’un accès libre ne déclenche pas de dépendance. Chez l’homme, en conditions de vie réelles, la notion d’addiction à l’alimentation, voire au sucre, est aujourd’hui largement débattue. Consommer des aliments sucrés ou gras et sucrés active le système de la récompense, c’est normal et c’est dans la plupart des cas bien régulé (faim et rassasiement). Les drogues dures détournent ce système, l’activent beaucoup plus fortement et le dérégulent.

• Le sucre blanc est souvent pointé du doigt et les autres produits sucrants encensés, est-ce si simple que cela ?

Le sucre issu de la betterave sucrière est naturellement blanc. Cela représente la grande majorité du sucre blanc commercialisé en France. Le sucre de canne, aussi appelé cassonade, est lui naturellement roux, en raison des pigments colorés contenus dans la canne à sucre. On peut cependant obtenir du sucre blanc à partir du sucre roux de canne par une étape de raffinage : le sucre roux est fondu pour enlever ses colorants puis recristallisé. Les teneurs en minéraux et en fibres des sucres roux ou bruts sont certes supérieures au sucre blanc mais restent peu élevées, ce qui n’en fait pas des vecteurs intéressants de ce point de vue. Et d’ailleurs, les autorités de santé ne recommandent pas de produits sucrants plus qu’un autre (sucre, miel, sirop d’agave, sucre de coco), ni d’additifs édulcorants en substitution (aspartame, extraits de stevia, sucralose…). 

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