La maladie de Crohn, fréquente associée de la maladie cœliaque...
« L’association d’une maladie de Crohn et d’une maladie cœliaque est exceptionnellement décrite. » C’est ce qu’écrivait, en 20014 , une équipe du CHU de Clermont-Ferrand dans La revue de médecine interne, avant cependant d’ajouter que « la fréquence de cette association [était] probablement sous-évaluée du fait du caractère fréquemment silencieux de la maladie cœliaque ». Une présomption aujourd’hui […]
« L’association d’une maladie de Crohn et d’une maladie cœliaque est exceptionnellement décrite. » C’est ce qu’écrivait, en 20014 , une équipe du CHU de Clermont-Ferrand dans La revue de médecine interne, avant cependant d’ajouter que « la fréquence de cette association [était] probablement sous-évaluée du fait du caractère fréquemment silencieux de la maladie cœliaque ». Une présomption aujourd’hui bel et bien confirmée. « Un lien épidémiologique entre maladie cœliaque et maladies chroniques inflammatoires de l’intestin (MICI) [dont fait partie la maladie de Crohn] a bien été identifié, et il est loin d’être rare », assure en effet sur la base, notamment, de travaux publiés en 2015 et 20185 , le Professeur Stéphane Nancey, hépato-gastroentérologue au CHU de Lyon et vice-président du groupe de Recherche sur les Maladies Inflammatoires Digestives (REMIND). Une revue systématique et méta-analyse menée en 2020 sur la base de 65 études a en outre mis en évidence un risque neuf fois supérieur pour un patient cœliaque, par rapport à la population générale, de développer une MICI : la maladie de Crohn notamment, mais aussi dans une moindre mesure la rectocolite hémorragique. « En revanche, le risque de développer une maladie cœliaque chez un patient atteint d’une MICI reste discuté », constate le Pr. Nancey.
À l’occasion des Journées francophones d’hépato-gastroentérologie et d’oncologie digestive de mars 2023 (JFHOD)7 , la Pr. Georgia Malamut a quant à elle présenté les résultats d’une étude nationale menée de 2011 à 2019 avec plusieurs de ses collègues français, portant sur les risques de survenue des principaux cancers digestifs au cours de la maladie cœliaque. « Nous avons également étudié les risques de pathologies gastro-intestinales chroniques pouvant favoriser la survenue de cancers digestifs », précise la Pr. Malamut. Parmi ces pathologies se trouvaient notamment les MICI, et donc la maladie de Crohn, dont le risque s’est révélé « significativement augmenté » chez les malades cœliaques par rapport au groupe contrôle, avec une augmentation de risque chiffrée à 4,2.
Cette association épidémiologique des deux maladies, mais aussi leur expression clinique parfois proche telle que la diarrhée chronique, rendent ainsi particulièrement pertinent le dépistage de la maladie cœliaque lors du diagnostic de la maladie de Crohn… « Pour ma part, je le fais systématiquement », témoigne le Pr Nancey, qui appelle également à dépister la maladie cœliaque « au moindre doute au cours de l’évolution de la maladie de Crohn ». En cas d’amaigrissement notamment, mais aussi de carences, ou de tableau clinique de malabsorption intestinale.